Les grandes villes d’eaux d’Europe

Les Grandes Villes d’Eaux d’Europe sont un réseau international de villes présentant un développement urbain très particulier, qui exploite les sources minérales à des fins médicales et de loisirs.

La combinaison du courant des Lumières et des ressources dues au développement économique européen du début du 18e siècle jusqu’au milieu du 20e siècle a permis ce développement pour un nombre croissant de personnes qui pouvaient se permettre de les fréquenter.

Ce bien transnational comprend 11 villes situées dans sept pays européens : Bad Ems (Allemagne) ; Baden-Baden (Allemagne) ; Bad Kissingen (Allemagne) ; Baden bei Wien (Autriche) ; Spa (Belgique) ; Vichy (France) ; Montecatini Terme (Italie) ; Ville de Bath (Royaume-Uni) ; Franzensbad (Tchéquie) ; Karlovy Vary (Tchéquie) ; et Marienbad (Tchéquie). Toutes ces villes se sont développées autour de sources d’eau minérale naturelles. Elles témoignent de la culture thermale européenne internationale qui s’est développée du début du XVIIIe siècle aux années 1930, conduisant à l’émergence de grandes stations internationales qui ont influencé la typologie urbaine autour d’ensembles de bâtiments thermaux tels que les kurhaus et les kursaal (bâtiments et salles dédiés à la cure), les salles de pompage, les halls des sources, les colonnades et les galeries, conçues pour exploiter les ressources naturelles en eau minérale et les utiliser pour les bains et les cures d’eau thermale. Les équipements comprennent des jardins, des salons de réunion, des casinos, des théâtres, des hôtels et villas, ainsi que les infrastructures de soutien spécifiques aux stations thermales. Ces ensembles sont tous intégrés dans un contexte urbain global caractérisé par un environnement thérapeutique et récréatif soigneusement géré dans un paysage pittoresque. Ces sites témoignent collectivement de l’échange d’idées et d’influences dans le cadre du développement de la médecine, des sciences et de la balnéothérapie.

Si les vertus de ses eaux sont reconnues dès le 16e siècle, c’est la venue du tsar Pierre le Grand en 1717 qui lance la mode de la cure à Spa. Sa guérison fait le tour des cours européennes et provoque un engouement pour le petit bourg ardennais. La seconde moitié du 18e siècle est le premier âge d’or de Spa. On y vient sous prétexte de cure, mais il s’agit surtout de s’y montrer. A cette époque où l’eau de source est déjà expédiée dans toute l’Europe, c’est la cure par boisson, comprenant 3 obligations, qui est pratiquée : boire de l’eau minérale, pratiquer des activités physiques et s’amuser. Pour occuper tout ce beau monde, on organise toute une série de passe-temps agréables.

Au milieu du 19e siècle, la cure thermale spadoise change radicalement. L’aristocratie fait place à la bourgeoisie, la villégiature remplace le séjour mondain et les cures par baignades prennent le pas sur la cure par boisson. Spa se dote de nouvelles infrastructures indispensables à une ville thermale digne de ce nom. C’est le deuxième âge d’or de Spa. L’installation de la reine Marie-Henriette renforcera encore le prestige de la ville.

Dans la seconde moitié du 20e siècle, Spa-Monopole gère l’établissement des bains qui pratique surtout le thermalisme social. La suppression du remboursement de ces cures en 1993 portera un coup dur au thermalisme spadois.

En 2004, les nouveaux thermes inaugurés dans la nature de la colline d’Annette et Lubin incarnent le renouveau du thermalisme. On y pratique toujours la balnéothérapie traditionnelle, mais aussi le thermoludisme qui allie la détente au bien-être, tout en étant accessible à tous.