Au patrimoine mondial depuis 2000.
La cathédrale de Notre-Dame reflète l’interaction entre les architectures de l’Île-de-France, de la Rhénanie et de la Normandie durant la courte période de la percée de l’architecture gothique (début du 12ème siècle).
La cathédrale est située au cœur de la vieille ville, non loin de la rive gauche de l’Escaut et est visible depuis le beffroi. La cathédrale se distingue par la pérennité du pouvoir épiscopal qu’elle représente : le diocèse de Tournai a été fondé au 5ème siècle et existe encore aujourd’hui. Outre son rôle en tant que lieu de culte, le complexe remplit des fonctions intellectuelles et culturelles importantes.
Architecturalement, le style du bâtiment n’est pas homogène, mais bien le résultat de trois phases distinctes, qui se connectent l’une à l’autre et sont encore faciles à distinguer. Il s‘agit de la nef, du transept roman et du cœur gothique.
La nef et le transept ont été construits principalement dans la première moitié du 12ème siècle.
Durant les siècles suivants aucuns changements fondamentaux n’ont été apportés, si ce n’est quelques travaux de rafraîchissement. Le projet était très ambitieux et la cathédrale est le plus grand édifice roman conservé en Belgique.
Les finitions anglo-normandes sont très visibles, mais pas unique. Elles montrent une grande originalité dans diverses importantes innovations, comme la transformation à l’extérieur du triforium par des hautes fenêtres à remplage divisées en 4 parties et une double porte orientée vers l’est. Ces innovations rendent la nef unique dans l’histoire de l’architecture romane. D’autre part l’austérité des formes semble être liée à l’influence de la tradition carolingienne, issue principalement des anciens Pays-Bas. Le constructeur de la nef a fait une remarquable synthèse des aspects les plus innovants de l’architecture de son temps, il les a interprétés et il a combiné une certaine liberté avec les traditions locales.
Le volume de la nef, avec ses cinq tours, est sans doute le plus typique de la cathédrale de Tournai. L’origine est difficile à tracer, entre l’« influence » Lombardo-Rhénane et l’influence des façades harmonieuses de France et d’Angleterre. Ce modèle était très populaire au cours de la seconde moitié du 12ème siècle.
Le chœur gothique met l’accent sur l’introduction de la nouvelle forme du gothique classique en Belgique au 13ème siècle. Il représente fortement les styles architecturaux ayant cours lors de la construction et reflète les énormes progrès technologiques de la fin du 12ème et début du 13ème siècle. Le chœur constitue également un exemple de la propagation rapide de cette architecture des centres de création de l’Île-de-France au milieu du 12ème siècle. C’est en effet un bâtiment qui est bien dans l’air du temps, le résultat des techniques les plus récentes et des modèles de moulage très avancés.
La cathédrale de Notre-Dame de Tournai abrite également un trésor et de vastes archives. Le trésor se compose de beaucoup de pièces d’orfèvrerie, dont des reliques du 13ème siècle, reliquaires, calices mais aussi ivoires, tapisseries d’Arras (Atrecht) du 15ème siècle, des peintures et des sculptures et une collection de plus de 800 vêtements liturgiques, les plus anciens datant du 12ème siècle. Certaines pièces sont utilisées au cours de la grande procession qui a lieu chaque année le deuxième dimanche de septembre, commémorant la délivrance de la peste en 1092. Les archives n’ont jamais quitté la cathédrale. Elles occupent deux pièces au premier étage de la sacristie. Celles-ci ont été spécialement conçues à cet effet au 17ème siècle. Le plus ancien document date de l’an mille et les archives pour la période de 1566 jusqu’à nos jours sont complètes. Les archives comportent des livres précieux, des chartes, mais aussi des déclarations, registres, factures, délibérations du chapitre, des testaments, etc. …
La cathédrale a relativement bien résisté à l’épreuve du temps. Seuls les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont provoqué un incendie occasionnel dans le toit de la nef et dans une partie des bâtiments du corps principal. Depuis l’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, la cathédrale fait l’objet d’un vaste projet, d’une durée de vingt ans, qui assurera la restauration de l’édifice et la mise à niveau du quartier au sein duquel se situe la cathédrale.