L’année 2022 est une date anniversaire du programme « Mémoire du Monde » de l’UNESCO, une initiative dans le patrimoine documentaire depuis trente ans.
Depuis les origines, l’humanité a produit, enregistré des traces, créant ainsi le premier corpus de la Mémoire universelle. Elle est ainsi conservée à partir de dessins, de signes que l’écriture consigne siècle après siècle pour parvenir jusqu’à nous. Plus que jamais, ces sources forment notre histoire commune répartie sur l’ensemble de notre planète.
On peut s’étonner de l’accueil mitigé lors de l’apparition de l’écriture. Platon nous relate le mythe égyptien qui révèle les premières réactions après l’invention de l’écriture. Le dieu Thot, fort de son invention, la présente au Pharaon. Le souverain moins convaincu par les qualités de cette nouvelle trouvaille lui répond en ces termes : « Tu n’as pas inventé un élixir de mémoire, mais un moyen de retrouver un souvenir. Tu ne donnes pas la sagesse, mais l’apparence de la sagesse ». Le scepticisme du roi face à une nouveauté exprime les limites de la mémoire ainsi fixée et son rôle dans la société. Peut-être exprime-t-il aussi la fin de son pouvoir et le partage d’un privilège !
Enregistrer et consigner la mémoire via l’écriture est vu dans cet exemple de façon négative pour l’exercice de la Mémoire et l’effort qu’il impose aux hommes. Voyons si nous partageons encore cette position !
C’est une réelle révolution culturelle qui s’effectue avec l’écriture et l’enregistrement de la Mémoire. Quelques siècles plus tard, au 15eme siècle, l’arrivée de l’imprimerie a le même effet. Cinq siècles après au 19e siècle, la généralisation des périodiques et l’accélération des impressions ou plus récemment la popularisation du Web, au 20e siècle, ont modifié les modes de diffusion des connaissances et de partage de l’information.
Initié au sein de la commission Information et Communication de l’UNESCO, le programme Mémoire du monde a pour ambition de lutter contre la précarité que rencontre la documentation sous toutes ses formes ( papier, électronique, analogique). Il a pour objectif essentiel de préserver la documentation, ce patrimoine essentiel à la compréhension de l’ensemble du patrimoine mondial.
Derrière cette nécessité de consigner la mémoire universelle, l’UNESCO décide de valoriser ce qui contribue à décrire et comprendre le patrimoine quel qu’il soit. La Mémoire de l’humanité et son universalité se voit reconnue officiellement au sein de l’institution.
La constitution des comités nationaux s’est développée au cours des 30 années d’existence sur tous les continents. Des comités régionaux se sont développés. Le comité régional européen tarde à voir le jour.
La création des comités Mémoire du Monde est récente. En 2013, le comité flamand est mis sur pied. Un an plus tard, le comité belge francophone et germanophone est installé. L’année suivante le Comité national est créé. Il regroupe les comités flamands et francophones germanophones dans un même élan de préservation et de conservation des documents exceptionnels que compte notre pays.