Unesco

Mémorandum 2024

Publié le 03/06/2024

« Il n’est qu’un acte sur lequel ne prévalent ni l’indifférence des constellations ni le murmure éternel des fleuves : c’est l’acte par lequel l’homme arrache quelque chose à la mort. »

André Malraux, 8 mars 1960, UNESCO, Paris

Si André Malraux destinait sa réflexion à la sauvegarde des monuments de Nubie, c’est notre humanité dans sa totalité, sa complexité et sa diversité, notre humanité – de la nature à la culture – qui est l’enjeu de notre destin, de notre bien commun partagé, la vie.

La convention portant création de l’UNESCO en 1945 a souligné « que la grande et terrible guerre qui vient de finir a été rendue possible par le reniement de l’idéal démocratique de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine et par la volonté de lui substituer, en exploitant l’ignorance et le préjugé, le dogme de l’inégalité des races et des hommes ; que, la dignité de l’homme exigeant la diffusion de la culture et l’éducation de tous en vue de la justice, de la liberté et de la paix, il y a là, pour toutes les nations, des devoirs sacrés à remplir dans un esprit de mutuelle assistance. »

Dignité, égalité, respect de la personne humaine par la diffusion de la culture et de l’éducation de tous pour la justice, la liberté et la paix dans un esprit de mutuelle assistance.  En 2024 plus que jamais l’UNESCO est au cœur des enjeux auxquels fait face notre humanité.  Comme l’a rappelé en mars dernier la Directrice Générale de l’UNESCO Mme Azoulay ; alors que l’action collective et le multilatéralisme sont marqués par des blocages et des remises en question, la grande mutation que nous vivons est traversée par un triple défi :

  • Géopolitique avec un nombre croissant de crises et de conflits 
  • Climatique avec la mise en péril de nos écosystèmes et de la qualité de la vie humaine 
  • Technologique avec les fulgurances permises par l’intelligence artificielle générative ou demain les neuro-technologies

Face à ces défis et sur la base des travaux et réflexions réalisés ces 5 dernières années, la Commission belge francophone et germanophone de l’UNESCO a défini une série de priorités pour les 5 prochaines années.

La Commission belge francophone et germanophone pour l’UNESCO rassemble, depuis 2007, les autorités de la Région wallonne, celles des Communautés française et germanophone et de la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale, et des représentant-e-s de la société civile, des mondes culturels, scientifiques et académiques.

Nos grands enjeux

D’un point de vue éducation :

  • Encourager la participation de nos universités et de nos hautes écoles au réseau UNITWIN des Chaires UNESCO
  • Obtenir 5 Chaires UNESCO en FWB en 2030 (pour une aujourd’hui à l’ULiège et 8 en Flandre)
  • Impulser la création de Chaires UNESCO en Fédération Wallonie-Bruxelles relatives au domaine du Patrimoine mondial et du Patrimoine immatériel.
  • Renforcer le réseau des écoles associées de l’UNESCO de la FWB, sa stratégie de communication et ses échanges avec les réseaux partenaires, réfléchir à le développer en Communauté Germanophone.

D’un point de vue scientifique :

  • Encourager l’inclusivité et la diversité dans l’éducation aux sciences, aux technologies et aux mathématiques.
    • Développer cette approche inclusive dès le début de la scolarité de l’enfant.
    • Développer les incitants pour une plus grande participation des étudiantes et des chercheuses à ces filières.
    • Promouvoir un enseignement de la Science de l’information et de la Communication
  • Poursuivre et approfondir la réflexion sur les liens entre la science, la biodiversité, la croissance et le progrès, notamment la question de l’eau dans la transition écologique.
    • Insister sur l’importance d’une stratégie Eau et biodiversité en Région wallonne et bruxelloise.
    • Evaluer la possibilité de protéger les haies en Wallonie par un label UNESCO en développant un projet avec les pays voisins.
    • Evaluer la possibilité de développer un projet de réserve de biosphère ou d’un géoparc autour des Hautes Fagnes avec la Communauté germanophone, la Wallonie et l’Allemagne.

D’un point de vue culture et patrimoine :

  • Inscrire la culture dans les politiques de développement
    • Faire de la Culture un Objectif du Développement Durable des NU pour 2030.
  • Soutenir la diversité des expressions culturelles par le biais de la Convention de 2005 en axant les priorités vers le numérique, en particulier l’intelligence artificielle et son éthique et le soutien aux entreprises culturelles.
    • Soutenir la candidature de la Belgique au Comité de la Convention de 2005 en 2025 
  • Valoriser les processus de bonnes sauvegardes des patrimoines reconnus par l’UNESCO, ainsi que les évaluations et l’accessibilité en matière de patrimoine immatériel reconnu, en étant attentif à la différence et à l’égalité notamment en termes de genre.
    • Ouvrir la participation de notre patrimoine immatériel à toutes et à tous.
  • Lutter contre le trafic illicite d’œuvres d’art et se donner les moyens de mettre en œuvre la Convention de 1970 en Belgique.
    • Renforcer la cellule de la police judiciaire fédérale spécialisée dans la lutte contre le trafic de biens culturels
  • Soutenir l’application de la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.
    • Soutenir l’implication de l’UE dans la protection des biens culturels en Ukraine et dans tous les pays en conflit.
  • Encourager la relance économique du milieu culturel post-COVID-19 soutenant le débat du droit d’auteur, le savoir-faire de nos créateurs ainsi que les savoir-faire liés au patrimoine immatériel.
    • Entamer les étapes nécessaires et déposer un dossier conjoint à l’ensemble des entités belges pour reconnaître l’art de la BD au patrimoine immatériel.

D’un point de vue communication :

  • Encourager la réflexion, les publications, la communication sur la liberté d’opinion et de presse dans tous les domaines et en particulier dans les domaines scientifiques, artistiques et plus particulièrement du dessin de presse.
  • Encourager une véritable réflexion sur l’éthique de l’intelligence artificielle
    • Encourager dans la continuité de l’AI Act de l’UE une application du cadre législatif dans le domaine du virtuel afin que les produits de l’intelligence artificielle disposent d’une identification non ambigüe, que des responsabilités puissent être attribuées et la traçabilité assurée.
  • Encourager une régulation indépendante à l’échelle mondiale des (très grandes) plateformes numériques de contenus audiovisuels et culturels »
    • Soutenir un Forum mondial assurant la coordination des réseaux régionaux de régulateurs indépendants de la communication audiovisuelle – tels que ERGA (UE), REFRAM (Francophonie) , RIARC (Afrique)

Et plus particulièrement :

  • Faire de notre partenariat avec l’Afrique une priorité :
    • Développer les partenariats avec les Commissions nationales africaines en ciblant l’éducation et la culture.
    • Accompagner l’émergence d’une expertise dans les domaines du patrimoine matériel et immatériel en Afrique.
    • Développer avec la RDC un projet conjoint autour de la mémoire visuelle de la décolonisation.
  • Encourager les rencontres, les synergies entre les acteurs UNESCO en Belgique, en Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Communauté germanophone.
    • Organiser chaque année une journée UNESCO pour les francophones et les germanophones
    • Renforcer et structurer les synergies et les coopérations avec la Vlaams Unesco Commissie
    • Renforcer les coopérations et les synergies entre les partenaires francophones, germanophones, wallons et bruxellois notamment au niveau des administrations (AWAP, Ministerium der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Urban Brussels, MFWB, ARES, FNRS, WBI, DGWB à Paris,…)
  • Encourager la participation aux réseaux UNESCO des villes créatives et des villes apprenantes ainsi qu’à la Coalition internationale des villes inclusives et durables.

Nos grandes réflexions

  • Répondre au mal-être des jeunes aujourd’hui (suicides, dépression, décrochage scolaire, perte de repères, manque de confiance en soi, en l’autre) dans un contexte global (COVID, conflits, changements climatiques…) engendrant désenchantement et désespoir
    • Mise en place d’une politique transversale associant l’éducation, la santé et l’aide à la jeunesse en FWB comme c’est le cas en Communauté Germanophone.
  • Donner une priorité dans l’éducation aux droits de l’enfant par une approche transversale convergeant vers l’ODD4
    • Encourager un accès généralisé à l’éducation et à l’enseignement et en développant des pédagogies adaptées, inclusives, actives, motivantes pour éviter le décrochage, avec ouverture au monde et climat d’apprentissage serein.
  • Encourager la culture de la paix et ses artistes. 
  • Développer une véritable mémoire en particulier dans le domaine numérique
    • Assurer via l’interopérabilité l’accès à distance de tous les documents numériques.
  • Promouvoir la sauvegarde active du patrimoine en danger, et en particulier celui qui est conservé dans nos structures publiques ou privées comme les bibliothèques, les fondations, les centres d’archives, ou les musées, et qui ont une valeur intellectuelle inestimable pour appréhender la mémoire collective.

Moyens et rôle de la commission UNESCO

  • L’UNESCO est la seule organisation internationale à être structurée par un réseau de Commissions Nationales, relais et interfaces de l’UNESCO auprès de la société civile, des jeunes, des enseignants, des mondes artistiques, scientifiques et académiques. 
  • Afin de préserver cette mission unique et de répondre aux sollicitations grandissantes de l’UNESCO qui souhaite de plus en plus impliquer les Commissions Nationales, doter la Commission des moyens suffisants et nécessaires afin d’assurer ses missions, et en particulier sa communication et sa fonction de passeur d’idées et d’espoir.

Contact :

Claude GONFROID,
Secrétaire général,
Commission belge francophone et germanophone pour l’UNESCO

Place Sainctelette, 2
1080 BRUXELLES (Belgique)
Tél. 00-32-2-4218633

www.commission.unesco.be    c.gonfroid@wbi.be