Culture

Les louageurs de costumes des Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse, acteurs du patrimoine en péril

Publié le 10/05/2024

En ce début d’année 2024, l’un des deux louageurs de costumes des Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse, la Maison Leclercq à Tarciennes, a annoncé qu’elle ne louerait plus. Bien qu’ayant finalement fait marche arrière et annoncé qu’elle poursuivrait ses activités pour cette année seulement, cette annonce a mis en avant la fragilité sur laquelle repose ce patrimoine, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

2 louageurs pour 85 Marches Folkloriques

Inscrites depuis 2012 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse se déroulent dans les villages de la région éponyme. Enfants et adultes se déplacent en procession rythmée par les fifres et les tambours. Scindée en diverses compagnies, cette procession honore le Saint de l’église du village ou de la petite ville dans laquelle se déroule la Marche. ( Article de la Commission)

Une partie majeure de ce patrimoine est évidemment les costumes du Premier et du Second Empire que portent les marcheuses et marcheurs. Grenadiers, cantinières, zouaves, sapeurs… sont notamment distinguables par leurs vêtements. Ces derniers, aux couleurs flamboyantes, rythment également la procession et lui confèrent sa dimension historique. 

Les couturiers et couturières des louageurs transmettent un savoir-faire reconnu par l’UNESCO. L’annonce, en début d’année, de l’arrêt de la Maison Leclercq dans la location des costumes a été un choc, la Maison Simons-Tenret ne pouvant assumer seule les 85 Marches qui se déroulent sur une période allant de mai à septembre. D’autant plus que cette année, la Sainte-Rolende de Gerpinnes et la Saint-Roch de Thuin, les deux plus grosses marches de la saison, se déroulent le même week-end en mai.

Mettre en place des solutions 

Suite à ces annonces, les acteurs et actrices des Marches ont tiré la sonnette d’alarme auprès des représentants politiques. Des députés wallons ont interpellé les gouvernements wallons et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le Ministre wallon de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Agriculture, de l’Aménagement du territoire, de l’IFAPME et des Centres de compétence a récemment proposé un plan d’actions en 5 points pour résoudre ce problème majeur: 

  • Attente de suggestions des députés qui l’ont interpellé 
  • Rencontre avec les propriétaires de la Maison Leclercq pour étudier un éventuel accompagnement de la reprise du commerce
  • Mise en place immédiate de réunion avec les responsables de l’association des Marches
  • Création d’un groupe de travail conjoint entre les Ministres compétents du Gouvernement wallons et du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 
  • Mise en place “d’un schéma visant à pouvoir préserver la possibilité de mettre à disposition les costumes et équipements nécessaires pour la préservation des marches »

Pour l’année en cours, la Maison Leclercq à Tarciennes a fait savoir qu’elle reprendrait ses activités de location de costumes napoléoniens. Toutefois, ce sursis est éphémère, car le problème ne sera que différé si leurs activités ne continuent pas l’année prochaine.

D’autres patrimoines vivants concernés par le manque de louageurs 

Comme nous venons de l’expliquer, les marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse dépendent fortement des louageurs pour leur costume. C’est également le cas des Gilles, où l’ensemble des carnavals de la région du Centre ne dispose que de trois louageurs. Ainsi, l’arrêt d’une de ces entités pourrait compromettre un autre patrimoine, également inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.